La Vie au pré

Les Mérens sont des chevaux rustiques pour qui la vie au pré est idéale... Rassurez-vous, la plupart des chevaux apprécient aussi la vie dehors et sont très heureux de retrouver le mode de vie de leurs ancêtres.

A la recherche d'un pré.

Pour trouver un pré, faites marcher le bouche-à-oreille. Parlez-en autour de vous, les gens pourront vous indiquer des noms d'agriculteurs, de propriétaires d'équidés...

Vous pouvez aussi aller à la mairie consulter les plans cadastraux, afin de trouver les noms des propriétaires de parcelles que vous avez repérées lors de vos promenades.

Vous pouvez acheter un pré, le louer à l'année (à vous de l'entretenir) ou bien placer votre cheval, pour un prix modique, en pension dans le pré d'un agriculteur.

Plus de détails sur ces formules, ici / bientot en ligne

Choix d'un pré :

Clotures

Les grands prés des agriculteurs contiennent souvent des vaches et sont cloturés de barbelés. Plus le pré est grand, plus les risques d'accidents de cloture sont faibles. Si le pré fait 3 ou 4 hectares, il y a beaucoup moins de risque que votre cheval fonce dans les barbelés, que dans un petit pré d'1 hectare.

Si les barbelés vous répugnent vraiment, vous pouvez les doubler avec un ruban électrique, à condition que le pré ne soit pas trop grand, et que l'herbe ne soit pas trop haute !

A défaut, vous pouvez demander un pré plus petit, les agriculteurs en ont parfois, qui leur servent juste à être fauchés, étant de surface trop réduite pour faire paître un troupeau entier de vaches.

Tout sur la clôture électrique, ici (bientot en ligne)

Sol

Un sol idéal pour les chevaux ne doit pas être trop sec. La corne a besoin d'humidité pour se développer sainement. Mais un marécage ne convient pas, sauf pour des chevaux sélectionnés pour cela comme les Camargue. Des parties rocailleuses ou pentues rendront le cheval adroit et attentif lors de ses déplacements, il développpera sa sûreté de pied.

On considère généralement qu'1ha de surface par cheval convient, il faut tout de même penser
* au foin = si vous le faites vous-même, la parcelle fauchée doit avoir le temps de repousser avant qu'on y remette des chevaux à brouter ;

* aux piétinements = dès qu'il pleut, le sol devient meuble et les pas des chevaux le brassent, mélangeant les racines à la boue, et appauvrissant la pature ; en hiver il convient de cloturer un paddock que les chevaux piétineront, préservant le reste du pré.

* au surpâturage = à l'automne et en hiver, l'herbe pousse peu et les chevaux coupent et recoupent l'herbe de plus en plus rase, endommageant la repousse de l'année suivante. Il en est de même pour les étés secs, où la pousse de l'herbe est ralentie ; il faut alors complémenter le cheval en foin.

* aux vermifuges = on conseille de ne pas laisser un cheval vermifugé sur son lieu de nutrition. Il faut l'isoler pendant 2 ou 3 jours, le temps que les vers soient évacués dans les crottins et qu'il ne contamine pas son pré. On peut le mettre dans une petite parcelle cloturée de ruban, en attendant.

Découvrez le "paddock paradise", ici

Herbe

Un des intérêts majeurs de la vie au pré, c'est que le cheval trouve sa nourriture sur place, pas besoin de lui acheter ! Le pré doit bien sûr être bien herbeux, contenir de l'herbe bien verte, des graminées comme du fourrage.

Un pré contenant des herbes pauvres permettra à un poney de brouter tout son soul en minimisant les risques de fourbure. Au printemps, une pâture contenant de l'herbe trop grasse vous obligera à accroître le travail de votre cheval ou bien de fractionner son accès au pré, pour lui faire garder la ligne et éviter la fourbure. Un pré complètement détruit par la surpaturage ou les piétinements de l'hiver ne fournira pas une nourriture de qualité pour un cheval normal, mais peut être le parc idéal pour un poney trop gras.

Là où les chevaux crottent, ils dédaignent l'herbe souillée et des mauvaises herbes prolifèrent : ces zones de refus doivent être fauchées. N'oublions pas non plus les ronces, qui ont la fâcheuse manie de se loger dans les bons prés et qui les envahissent à vitesse grand V ! Elles sont très difficiles à dénicher.

Traduction d'un article scientifique contenant les dernières découvertes concernant l'herbe de pâture, et des conseils pour la diététique des chevaux fourbus, ici (bientot en ligne)

Eau

Un ruisseau, une mare ou un abreuvoir irrigués par une source ou de l'eau courante permettent aux animaux de s'abreuver. Un torrent large habituera le cheval à côtoyer l'élément liquide sans crainte. Un ruisseau qui coupe la pâture en 2 vous permettra de l'exercer à traverser sans crainte.

Si le pré ne dispose pas d'eau courante, je préfère mener mon cheval boire à la source voisine, quotidiennement, plutôt que d'utiliser une baignoire dangereuse, un abreuvoir fétide ou un bassin impossible à nettoyer.

Attention : Un cheval peut boire une seule fois par jour seulement si sa nourriture est constituée de frais (herbe broutée sur pied et mouillée de rosée pendant la nuit). Si le cheval reçoit un complément en granulés, foin ou autre nourriture sèche, il doit disposer d'eau à volonté. Cette formule n'est pas envisageable non plus s'il fait très chaud ou très sec (même en hiver ! ).

Tout sur l'eau, ici

Abri

Un abri est important, mais un abri construit n'est pas une nécessité. En effet, les animaux aiment s'abriter du vent et de la pluie sous des haies, des buissons denses, des arbres touffus.

Plusieurs abris permettent à l'animal de choisir son lieu de villégiature : sous un sapin, s'il neige, derrière la haie, pour profiter des courants d'air de l'été, dans l'abri, si le sol est boueux...

Mon expérience :

C'est assez déstabilisant de voir mon cheval dormir dans la boue au fond d'une cuvette, de le voir gratter la neige comme un malheureux pendant une tempête de blizzard... Mais il n'est jamais malade, et je crois qu'il sait bienc e qui est bon pour lui ! Par contre, au coeur de l'été, je le retrouve tapi sous les sapins, cherchant un abri contre les bestioles... Le froid le gêne moins que la chaleur moite accompagnée de taons et mouches.

Compagnons de pré :

Le propriétaire qui ne possède qu'un seul cheval et souhaite le garder chez lui se trouve souvent en face d'un casse-tête : l'animal est seul.

Gardez à l'esprit que le concept d'ennui est bien différent du point de vue de votre cheval et du vôtre. J'ai mis du temps à m'en rendre compte et souhaite faire partager mes erreurs afin que ceux qui me lisent ne les commettent pas à leur tour.

mon expérience :

Pendant 2 ans environ après son achat, Lotus était dans une pâture avec un troupeau de bovins. Il travaillait bien, prenait de l'exercice, aimait bien ses colocataires (au point de les reconnaître n'importe où, quand on les croisait dans d'autres pâtures, et de les saluer d'un hennissement !) Au bout d'un temps, il a commencé à devenir de plus en plus excité lorsqu'un croisait d'autres chevaux, en balade. Je gardais le contrôle mais je ressentais cela comme plutôt malsain. Peu à peu, j'ai compris que cette vie ne lui suffisait pas. Il avait tendance à se bloquer pour renifler les crottins, hennir à tous vents, mordiller... Vouloir prendre la main, embarquer... Quelque chose se détraquait...

C'est pendant ses vacances à la ferme de Pichegru, quand il a été avec 2 autres chevaux, que j'ai compris qu'il en avait marre d'être seul. Il ne s'est pas intégré très vite, il restait beaucoup à l'écart des autres, il ne les cherchait pas ni ne semblait regretter de les quitter lorsqu'on partait, mais jamais je ne l'avais vu aussi heureux de jouer, se bagarrer, avoir cette étincelle dans le regard, qu'auprès de ses semblables.

Mon cheval n'est pas démonstratif. Il ne va pas casser toutes les clotures ou se laisser dépérir s'il est seul. mais je le vois mille fois plus heureux, épanoui, avec ceux de son espèce. Il a perdu avec moi tous ces "tics" désagréables qui sont des comportements innés pour lui : courses au grand galop, mordillements, comportements de substitution (renifler les crottins, hennir, s'exciter à la vue d'autres chevaux) : Tout cela, il le pratique quotidiennement, dans son pré.

Notre relation a changé. Je me sentais coupable de le priver de contacts sociaux, j'étais mal à l'aise quand il s'excitait. Un cheval a besoin de courir et jouer avec les autres, c'est légitime qu'il le fasse ! Il trépignait, hennissait...

Maintenant,il a autant de contacts, de mordillements, de courses et de jeux que nécessaire. Je lui dis simplement "on ne parle pas aux chevaux qu'on ne connait pas", et il passe son chemin, sans hennir, ni en chercher plus : il n'en ressent pas le besoin.

Il est en outre beaucoup plus valorisant pour moi de le voir rechercher ma compagnie. Cela veut dire que je suis aussi intéressante, sinon plus, que ses copains de pré.

Lotus au pré : cliquer ici

Comment trouver des compagnons de pré ?

- acheter un autre équidé : une solution difficile à mettre en oeuvre si l'on dispose de peu de place, peu de temps ou pas assez d'argent.

- Et pourquoi pas un shetland ? Je ne trouve pas cette idée très judicieuse : un petit poney a besoin d'autant de soins qu'un grand cheval : parage, vermifuge, vaccins...Cela ne coûte pas moins cher ! Un Shetland est très têtu et nécessite du travail, donc, du temps. Sa petite taille demande des clôtures adaptées en hauteur : les Shets sont les rois de la fugue, leurs longs crins les isolent du courant électrique et leur souplesse leur permet de passer sous/ entre/ toutes sortes de fils ! Leur frugalité les rend sujets aux fourbures, et on voit souvent le grand cheval esseulé dans un vert pâturage, tandis que le shetland est au régime seul dans un petit parc en terre battue...

- adopter un équidé : contrairement à ce que l'on peut croire, cette solution est coûte encore plus cher en temps et en gargent qu'acheter ! Un équidé proposé à l'adoption est un cheval qui a manqué de soins, son état de santé nécessite un suivi encore plus scrupuleux. S'il a souffert de maltraitances, il peut être délicat à manipuler, et nécessiter des compétences spécifiques, du temps...

- échange de bons procédés avec vos voisins : si d'autres personnes de votre connaissance ou de votre commune possèdent aussi des chevaux, vous allez pouvoir vous associer pour rendre mutuellement service à vos montures : au lieu que 2 chevaux séparés se languissent chacun dans son pré, mettez-les ensemble ! Une fois le pré de l'un pâturé, placez-les tous deux dans le pré de l'autre... Vos chevaux vous diront merci !

- si de tels échanges ne sont pas possibles à l'année, pour diverses raisons, essayez néanmoins de faire en sorte que votre cheval passe une ou deux nuits par semaine au pré avec un congénère ! Ils ont besoin de se mordiller, de se défouler, de jouer, de faire toutes ces choses que font les chevaux entre eux... Ils sont génétiquement programmés pour cela, ce serait cruel de les en priver. Cherchez vraiment et essayez toutes les solutions pour que votre cheval se socialise. Sa santé physique et mentale s'en trouvera bien mieux !

Mon expérience :

Après avoir tenté de faire du co-pâturage avec un propriétaire de poneys, j'ai dû y renoncer, ses clôtures étaient dangereuses et inefficaces. J'ai alors pris l'habitude, à chaque vacances, de placer Lotus à la ferme de Pichegru pendant 15 jours. Cela lui faisait de la compagnie tous les 2 mois ! La formule était si satisfaisante que je l'ai déménagé définitivement ! Depuis, il est parfaitement intégré à sa nouvelle famille.

entretien du pré :

quotidiennement : vérifier les clotures, l'état des chevaux, la présence d'eau.

Au printemps, avant de sortir les chevaux, passer un coup de désherbant sous les clôtures. Attention, respectez bien les indications sur la nocivité du produit ! ; vérifier les clôtures. Parceller les prés des chevaux ayant tendance à l'obésité ou à la fourbure.

Eté : faucher les refus, vérifier souvent l'abreuvement si vous ne le donner pas vous-même : une source peut se tarir, un ruisseau peut de transformer en mare de vase. Si l'herbe est complètement désséchée et que le cheval maigrit, il faut complémenter en foin.

Automne : surveiller l'ingestion de glands ou de fruits.

Trop de glands sont nocifs pour le cheval, c'est un poison !

Trop de fruits tombés des arbres, ingérés d'un coup peuvent causer de graves coliques.

Par contre, isoler l'arbre et distribuer les fruits en augmentant progressivement le nombre, à chaque repas, est une nourriture appréciée des chevaux. Si le cheval a accès à l'arbre toute l'année, il mange peu à peu les fruits qui tombent, il a ainsi le temps d'habituer sos système digestif sans risque.

Ce n'est pas le cas d'un cheval qui arrive dans une pâture où une tonne de pommes l'attend sous un arbre : colique assurée !

Hiver : Faucher les refus, détruire les ronces, construire un paddock où le cheval pourra se défouler dans un coin du pré, quitte à le labourer, en conservant le reste de la pâture intact !

Crottins :

l'idéal, pour limiter la propagation des vers, est d'enlever les crottins du pré tous les 3 jours.

Observer son cheval au pré

IMPORTANT : C'est l'état du cheval qui décide !

Combien de propriétaires se font passer pour des tortionnaires, car leurs poneys se morfondent sur de la terre battue ! "Les pauvrets n'ont rien à manger !" s'exclament les imbéciles. On juge un propriétaire, non sur l'état de ses pâtures, mais sur l'état de son cheval !

Un cheval obèse dans un pré sans herbe montre que son propriétaire prend soin de sa santé. C'est votre cheval, et non vos voisins, qui doit vous dicter votre conduite : faut-il parceller ? Changer de pâturage pour une plus verte prairie ? Donner un complément de foin ? De grain ? L'état de votre cheval sera votre guide ! Est-il gras, mince ? En état, ou bien mériterait-il un peu plus de calories ?

Chaque cheval est différent, et une pâture qui rend un poney fourbu, peut ne pas suffire à nourrir un grand cheval de sang...

Ne vous demandez pas, en regardent l'herbe : "elle est trop rase, je devrais peut-être le changer de pâture ? " mais demandez-vous, en regardant votre cheval : " est-il sufisamment en état ?"

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