Travail en liberté :
Intérêt du travail en liberté :
- le cheval évolue au naturel, il n'y a aucun lien artificiel
qui le contraint d'obéir au dresseur : il exécute sa propre
volonté, il peut refuser d'obéir aux ordres s'il en a envie...
A nous de savoir le motiver convenablement !
- le dresseur est obligé d'apprendre le langage du corps bien
compris par le cheval, d'apprendre à doser ses effets : il rajoute un
nouveau mode de communication à ceux qu'il a déjà appris,
cela le rapprochera de sa monture...
- On peut ainsi évaluer notre degré de complicité, la part
de nos "aides artificielles" dans la compréhension et l'obéissance
de notre animal
- mentalement libre, le cheval exprime sa volonté et les problèmes
éventuels ressurgissent au grand jour, ils peuvent donc être traités
avec diligence.
- physiquement libre, le cheval n'a plus de problème matériel
: harnachement désagréable, longe qui pourrait le sanctionner....
il est mieux à même d'apprendre, de dialoguer, dans son état
naturel, "à nu".
- lors du travail en liberté, c'est au dresseur de faire que "ce que
je veux" devienne "ce que le cheval a envie de faire" car il n'y a aucun moyen
physique de le contraindre : pas de longe, pas de chambrière...
exemples de travail en liberté :
Travail en rond de longe :
matériel :
Le rond de longe est l'endroit idéal pour travailler le cheval en liberté.
Le cheval peut évoluer sans risque, puisqu'il est bien enfermé
; il tourne en rond et ne s'accule pas dans un coin. Il a assez de place pour
prendre les allures rapides mais pas assez pour échapper au contrôle
du dresseur. Une fois que les réponses sont systématisées
en rond de longe, on peut les travailler en manège, en carrière,
au pré.
- j'utilise un rond de longe bien fermé, fait
de 8 piquets de clôture électrique et de 2 à 3 hauteurs
de ruban. Au début, j'ai mis Lotus à brouter l'herbe dans ce rond,
clôture branchée. Le lendemain, j'ai pu y travailler sans encombre.
Ne pas attendre que le cheval re-teste le courant pour le laisser faire un petit
"stage" de respect, ruban branché, ce qui permet aussi de tondre l'herbe
par trop envahissante.
Attention, ce genre d'enclos n'est pas fait pour débourrer
des mustangs sauvages ou des chevaux à problèmes, mais pour travailler
avec un cheval qui connait l'homme et ne le fuit pas.
- une longe de 4 mètres, roulée dans ma main, car je trouve la
chambrière trop difficile à doser.
exercices que je pratique en liberté :
- le "bouge-de-là" d'Elisabeth de Corbigny.
Cet exercice convient lorsqu'un cheval a tendance à
vous ignorer, vous marcher sur les pieds, négliger vos demandes ou contester
votre autorité. L'utiliser avec un cheval coopératif et plein
de bonne volonté serait lui infliger une pression néfaste.
Il s'agit d'affirmer sa dominance sur le cheval, en le faisant bouger à
ma guise. Je le chasse :
(escalade des indications : regarder fixement, en fronçant les sourcils
/ marcher / faire un geste large / faire tournoyer la longe / menacer de le
"fouetter" de la longe, tout en la faisant tournoyer = "attention, je ne m'arrête
pas, alors ne reste pas sur mon chemin, sinon la longe te fouettera !")
le cheval doit se pousser, me laisser la place.
Je contrôle sa vitesse : avec ma "bulle personnelle", au besoin
aidée de gestes de la main ou de la longe, je chasse le cheval au pas
ou au trot, à ma convenance. Certains chevaux émotifs partent
au grand galop, ce n'est pas le but de l'exercice. Il faut montrer qu'on est
ferme et décidé, pas féroce !
Je contrôle sa direction : je le fais changer de main à
ma convenance, toujours pas gestes.
Le cheval ne doit pas être terrorisé, mais se reculer comme quand
un cheval dominant lui intime l'ordre de se pousser de la mangeoire.
- le join-up, de Monty Roberts.
Cet exercice se pratique sur des chevaux très craintifs comme les
mustang sauvages, il est donc réservé aux professionnels. Attention
cette méthode est décriée par bien des hommes de chevaux...
et peut perturber gravement un cheval si elle est mal employée...
On peut quand même s'en inspirer pour inciter le cheval à s'approcher,
comprendre que nous ne lui voulons aucun mal.
Il s'agit de persuader le cheval, qu'être à côté de
moi, est extrêmement plus agréable qu'être loin de moi.
Il suffit d'être un peu sportif, patient, têtu, et il est facile
de parvenir à ses fins. Peut-être pas en 20 minutes comme l'inventeur
du join-up, mais y arriver tout de même.
Cet exercice eput se pratiquer dans un pré, mais si le cheval est tenace, il risque de ne pas porter ses fruits. Alors que dans le rond de longe, on a plus de facilités (cheval qui tourne en rond autour de nous)
Pour ma part je pratique ainsi : je me dirige tranquillement vers le cheval, lui parlant doucement,... et bien sûr, il ne veut pas me voir, il s'en va !
Et bien, je le suis ! s'il trotte, je marche plus vite, en cercles intérieurs,
hors de portée d'éventuelles ruades. Dès le moindre signe
de bonne volonté de sa part, je recule, me fais toute petite au milieu
du rond, sans le regarder.
(signes de bonne volonté : il ralentit ; il tourne une oreille vers moi
; il regarde vers moi ; il baisse l'encolure ; il mâchouille, comme il
ferait avec son mors)
Il se rend compte alors que la fuite et la précipitation ne vont pas
le mener loin, qu'il peut "commander " mon recul en ralentissant...
Et s'arrêtant...
***S'approcher ou s'éloigner sont autant au
mental qu'au physique : un cheval qui est à 1m de moi et regarde au loin
en hennissant, est beaucoup plus loin qu'un cheval qui tourne en rond, à
mes ordres, à 9 mètres en bout de longe.
Une fois qu'il est à l'arrêt, je m'approche d'un pas. S'il ne bouge pas, je recule. S'il s'en va, je recommence mon manège. Je recule, avance vers lui, recule, progressant petit à petit...
Enfin j'arrive à le toucher, il faut à ce moment tâcher de le gratter là où ça lui fait le plus plaisir, à ce stade, la partie est presque gagnée... Le cheval nous permet de lui montrer que nous sommes quelqu'un de sympa, qui ne voulait l'approcher que pour partager avec lui on bon moment !
Pour passer le licol, on procède de la même manière : approche, "poursuite", retrait... patience !
Cette méhode m'a permis d'atrapper un poney Haflinger qui s'était échappé et fourvoyé dans le grand pré de 6 ha. J'ai rangé Lotus et ses compagnons dans le petit pré, pour inciter l'inconnu à rester près de la barrière. puis, je lui ai "marché après", progressant petit à petit, m'approchant, jusqu'à pouvoir le gratouiller, puis le licoler. Ensuite je l'ai parqué avec ses congénères. Ce manège m'a pris une dizaine de minutes, et quand le propriétaire est arrivé pour venir le chercher, il a été très étonné, son poney étant soi-disant "sauvage". Lui-même avait toutes les peines du monde à l'atrapper ! (et bien, cela ne m'a point étonnée, il était plutôt brutal, procurant de l'inconfort à son poney, lui infligeant un matériel mal adapté, des remontrances, des brutalités...)
exercice physique :
Une fois qu'on maîtrise bien le code gestuel, on n'a plus ni besoin, ni
envie de mettre le caveçon, d'accrocher la longe, d'aller chercher la
chambrière. On peut pratiquer le travail à la longe, sans longe,
directement en liberté dans le rond de longe.
désensibilisations :
Quelque chose lui fait peur ? une séance de
désensibilisation s'impose.
(attention, pratiquer aux deux mains, procéder à de
fréquents changements de main !)
Au lieu de l'attacher, ce qui peut être dangereux (tirer au
renard) ou de le faire tenir pas un aide (qui risque de se faire
blesser s'il y a panique et bousculade) je lâche mon cheval dans
le rond de longe.
Je le sollicite doucement et tranquillement (s'il a peur du
vaporisateur, je pschitte un peu vers le sol ; s'il a peur du drapeau,
je le bouge doucement, pas trop haut). Je continue mes gestes de
façon lente, rythmée, et je guette le moindre signe de
relâchement de sa part.
Le cheval va bien sûr se rendre compte que ce n'est pas
dangereux, il va forcément relâcher sa tension, ralentir,
oser regarder cet objet si effrayant...
Au premier signe de relâchement, pour récompenser cette bonne attitude , je cesse toute stimulation pendant 15 secondes.
Ceci, afin de lui faire comprendre que "avoir peur, fuir = c'est
être persécuté, poursuivi ; rester calme, immobile
= c'est être libéré de toute oppression".
Dès qu'il fuit de plus belle, je le punis en
recommençant mes gestes. Ni plus fort, ni moins fort
qu'auparavant.
Au fur et à mesure de la désensibilisation, le cheval va
peu à peu trotter moins vite, marcher au pas, s'arrêter.
***Si la désensibilisation prend plusieurs séances,
arrêter la séance sur une impression positive : il passe
du pas vif au pas mollasson, cesser tout, et recommencer le lendemain.
Une fois le cheval à l'arrêt, recommencer les mouvements,
en faisant des approches et retraits successifs comme le
préconise Elisabeth de Corbigny : bouger l'objet plus
vite, puis plus lentement : s'approcher un peu, puis reculer ;
récompenser toute passivité par un arrêt de la
stimulation, punir toute tension ou tentative d'échappatoire par
une stimulation continue.
Le toucher de l'objet sur le corps du cheval se fera selon la
même règle d'approches et retraits successifs.
Il faut toujours procéder de la manère la moins
effrayante (sac replié, vaporisateur vide) en allant crescendo
vers les zones sensibles, puis avec l'objet déployé au
maximum.(vaporiser le ventre, agiter le drapeau au-dessus de la
tête...)
*** attention, le cheval peut et a le droit de régresser d'un jour
sur l'autre, d'une main à l'autre, d'une stimulation à l'autre.
Il peut accepter le drapeau claquant sous son nez, et refuser que le drapeau
lui touche l'encolure. C'est à nous de le convaincre :
- que la fuite est pénible, inconfortable, inutile puisque l'objet de
sa peur le poursuit avec d'autant plus de ténacité ;
- que la passivité est confortable, agréable et utile, puisque
l'objet de sa peur ne tarde pas à le laisser tranquille.
Obéissance à la voix
Comme en longe, le travail d'apprentissage des ordres
vocaux peut être enseigné ou cultivé dans le rond,
avec une contrainte supplémentaire = aucun moyen de pression
physique sur le cheval pour le forcer à obéir. Le langage
gestuel s'impose !
Obstacle :
Le travail à l'obsacle en liberté sur le cercle convient à
tous les chevaux, permettant au cavalier d'observer les évolutions de
l'animal libre de toute indication. Le meneur garde en permanence le contrôle
de la trajectoire, et se suffit à lui-même, ce qui n'est pas le
cas dans une "ligne" d'obstacles à sauter en liberté dans un couloir.
Il faut cependant se garder de hauteurs trop importantes sur un tel cercle.
retour sommaire "propriétaires"
retour sommaire Lotus