Le respect
Lors de l'essai, j'ai tout de suite comparé l'attitude de Lotus à
celle de son frère, quand je les ai essayés tous les deux : Lotus
était respectueux, marchait à ma sollicitation, était calme
au pansage.
Son frère Lutin était irrespectueux, se faisait traîner
par moments, cherchait à dépasser, à brouter...
J'ai voulu conforter Lotus dans ses bonnes dispositions afin d'en faire un cheval
agréable et surtout sécurisant en toutes circonstances.
exercices à faire, pour se faire respecter :
***Dans un endroit dégagé, pour
éviter tout risque d'accident***
En liberté
J'ai pratiqué les exercices préconisés par Véronique
de Saint-Vaulry.
Travail au pré :
(matériel : une longe de licol)
Au pré, en carrière, en manège, en rond de longe, je me
fais respecter en marchant suivant une trajectoire que j'ai choisie ; le
cheval doit s'écarter de mon chemin afin de me laisser passer.
S'il ne s'écarte pas de lui-même, je l'aide un peu :
- en marchant d'un pas décidé, tapant des pieds
- en le chassant d'un geste du bras
- en faisant un moulinet de longe, qui, s'il ne se pousse pas, risque de l'atteindre
- en l'atteignant, en dernier recours, d'un petit coup de longe : il n'a pas
tenu compte des avertissements, mais le fera la fois suivante.
Distribution des repas :
(Matériel : une ration dans un seau, une longe de licol)
Dans le pré, carrière, manège, rond de longe, j'amène
le seau de grain et j'attends des signes de soumission pour l'autoriser à
manger : tant qu'il garde les oreilles couchées, roule ses yeux dans
leurs orbites, montre les dents, tape le sol du pied, essaie de bousculer...
je "défends mon seau", en faisant des gestes, en criant, en faisant des
moulinets de longe au besoin.
Lorsque le cheval est revenu à de meilleures dispositions, qu'il attend
calmement, à plus d'1,5 mètre de moi,
montrant par là qu'il me respecte, je lui laisse l'accès au seau,
en m'éloignant. J'utilise aussi le mot "mange", pour lui signifier mon
autorisation.
J'ai eu beaucoup de mal à faire cet exercice
avec Lotus, car les Mérens sont très gourmands, et pour eux, le
repas c'est sacré ! En contrepartie, une fois acquise, cette leçon
reste bien ancrée dans leur mémoire... enfin jusqu'à la
prochaine fois...
En longe
(Matériel : un licol et sa longe de 4 mètres.)
J'aime bien le licol
Parelli, qui est léger, pas cher, solide, et persuasif. Je l'utilise
plutôt pour le travail à pied, tandis que j'attache Lotus avec
un licol traditionnel. J'utilise une longe confortable dans les mains qui donne
de l'assurance à mes gestes.
Marcher en longe
Je me promène tout simplement, en veillant à ce que le cheval
marche derrière moi, en conservant une distance minimale de
sécurité.
En fait, je refuse que le cheval entre dans ma zone personnelle, qui est symbolisée
par l'aire que peuvent emplir mes bras étendus.
Le cheval doit respecter ma zone, rester en-deça ; s'il est assez près
pour que je le touche, c'est qu'il a commis une faute de respect : je le repousse
fermement, de la voix, du geste, au besoin, d'un geste de la longe.
Exercices d'entraînement préconisés par Véronique
de Saint-Vaulry :
- marcher à différentes vitesses : c'est au cheval de s'adapter,
en gardant ses distances.
- faire des arrêts-surprises : le cheval restera toujours attentif à
ce que fait son meneur, afin de ne pas l'écraser en cas d'arrêt
intempestif.
- s'exercer dans des passages de plus en plus étroits : le cheval ne
doit pas céder à la panique, mais rester à sa place, derrière
: s'arrêter lors des passages délicats, pour rétablir le
calme.
- s'exercer dans des passages tentants, comme des montées raides propices
au trot, des descentes qui donnent envie d'accélérer, des slaloms...
quelques illustrations ici, démonstration
d'Igor Ost
Jeux de Pat Parelli :
Les Jeux de Pat Parelli renforcent la complicité entre l'homme et le
cheval et invitent ce dernier au respect. Ils sont très faciles à
pratiquer, dès qu'on a un peu de temps !
quelques exemples des 7 Jeux
Ici aussi, exercices
inspirés des 7 jeux
Lors du pansage :
je ne recule jamais, c'est au cheval de se pousser devant moi. Il doit obéir
à la moindre pression de mes doigts pour reculer, pousser sa croupe,
se ranger devant la barre d'attache...
En toutes circonstances :
Si je traverse le pré, je ne dévie jamais de ma trajectoire mais
c'est à mon cheval de me céder la place.
S'il rechigne à me céder le passage, je prends le temps qu'il
faut pour réviser les leçons "cède" et "pousse-toi". Quelques
minutes suffisent pour que tout rentre dans l'ordre, cela m'évite des
désagréments longs et/ou dangereux lors d'un moment de frayeur.
Intérêt des exercices de respect :
Avoir un cheval disponible, sécurisant, qui garde toujours un oeil
sur son meneur !
Cet automne on m'a donné un gros sac de pommes. Je l'ai renversé pour les trier et jeter les pommes pourries avant de préparer la distribution des rations. les trois chevaux sont restés à quelques mètres, à saliver en me regardant avec envie, sans s'approcher. Ils ont attendu que je leur prépare leur ratoin, avant d'aller manger sur mon ordre ("mange" + je m'écarte)
La confiance :
Lorsque je marche, je n'ai pas à me préoccuper de Lotus, je sais
qu'il ne risque pas de me marcher sur les pieds !
Cette confiance est réciproque : mon cheval voit que j'assume totalement
mon rôle de leader, puisque je prends les risques en marchant en première
position. Sa confiance en moi se trouve renforcée.
La sécurité :
Lors d'une promenade en main, Lotus, surpris par un
bruit violent dans les fourrés, a démarré subitement au
grand galop ; j'étais devant lui, au milieu du chemin, mais il a pris
la peine de me contourner dans sa fuite, en passant à l'extérieur
de ma zone de sécurité.
Un autre jour, il a eu peur d'une branche basse qui
s'était accrochée au pommeau de la selle, il est parti en ruant,
en me contournant de même.
Lorsqu'on n'est pas totalement surpris au point de lâcher la longe, il
suffit de la laisser se dévider, et de retenir le cheval en bout de longe,
une fois que son élan initial s'est ralenti. C'est possible avec une
longe de 4 mètres une fois que le couple cheval/meneur est bien rôdé
: les réactions du cheval deviennent moins violentes.
L'aisance :
J'ai laissé tomber mon mouchoir, mon lacet est défait ? Je m'arrête
aussitôt pour me baisser, sachant que Lotus attend tranquillement derrière
ma zone de sécurité.
L'insouciance :
Je n'ai pas à contrôler le cheval, qui se règle sur mon
allure sans me dépasser.
Je n'ai pas à stimuler le cheval, qui me suit d'un pas constant sans
se faire traîner.
Je n'ai pas à garder le bras tendu pendant des heures, pour repousser
le cheval ou bien garder ma main à 10 cm en-dessous du menton comme le
préconisent les manuels.
Je n'ai qu'à m'occuper de moi, lire la carte, regarder le paysage, en
jetant de temps à autre un regard furtif pour vérifier que Lotus
respecte les distances.
L'autonomie :
Sur les chemins, j'aime bien marcher au bord, dans les traces des roues, là
où le sol est plus dur. Lotus préfère marcher au milieu,
sur l'herbe, plus moelleuse. C'est facile avec la longe longue : chacun marche
là où il veut sans gêner l'autre.
Sur un chemin difficile, caillouteux, nous sommes tous les deux à même
de choisir la voie qui nous semble la plus pratique.
Ici je reste sur le côté
du chemin, le creux et les ronces me gênent et me font des croche-pieds
!
Le calme :
En escaladant une pente abrupte, j'apprécie de pouvoir monter à
mon rythme, sans me presser, en choisissant le terrain où je pose le
pied. Pendant ce temps, Lotus attend sagement, montant avec la même lenteur.
En descendant le long d'un éboulis, je contrôle la vitesse, en
marchant avec précaution, et en veillant à ce que Lotus conserve
ses distances, par de fréquent arrêts. Cela me permet de garder
le contrôle de la situation, car c'est beaucoup plus tentant pour le cheval
de se laisser entraîner par la descente et d'accélérer ;
mais il risque alors de glisser, de trébucher ou de galoper, provoquant
un accident.
Ici Lotus se retient des 4 fers, même
s'il glisse, je serai en sécurité. Il se cramponne dans l'herbe,
tandis que je reste sur le chemin plus dégagé.
Le contrôle dans une situation difficile :
Le cheval qui a peur, lorsqu'il est surpris, il fait souvent un écart.
Libre au bout de sa longue longe, derrière la zone de sécurité
de son meneur, il ne risque pas de lui "monter dessus".
Une longe longue peut aider le cheval à se rassurer : je passe devant,
je vais toucher de la main/ ou m'asseoir sur/ ou m'accouder à/ l'objet
de sa peur, en lui parlant d'une voix décontractée, cela l'incite
à venir voir.
Une longe longue permet au cheval de flairer les passages difficiles ou les
objets de curiosité, de ralentir un peu, de sursauter, sans mettre en
danger le meneur, qui est bien en sécurité dans sa zone personnelle,
que le cheval ne franchira pas.
Mieux gérer l'excitation :
Quand un cheval est surexcité par l'énervement ou la peur, il
n'est pas possible de le convaincre de garder l'immobilité. La situation
est alors plus gérable par le cavalier lorsque le cheval est laissé
libre de ses mouvements au bout de sa longe. Cela lui permet d'évacuer
son trop-plein de besoin de mouvement, tout en restant à distance pour
ne pas être renversé ni emporté dans la sarabande...
Une nuit, nous avons croisé un promeneur qui
sifflait une chanson. En entendant ce sifflement, lotus est devenu extrêmement
anxieux, s'est arrêté, s'est mis à renâcler, finalement
à piaffer, il ne restait pas en arrêt et j'ai du le laisser aller
et venir, puis tourner en rond, au bout de sa longe. Il a fait plusieurs tours
au trot sans parvenir à se tranquilliser, malgré que le promeneur
soit passé près de nous tranquillement.... Tant que nous avons
entendu la chanson, il me fut impossible de le calmer, il était en sueur....
Avec une petite longe courte, j'aurais dû lui "courir après", avec
ma grande longe, c'était lui qui me tournait autour... J'étais
en sécurité à 4 mètres, loin de ses sabots.