Passer les ponts

Je n'avais jamais fait vraiment attention, mais Givet est plein de ponts !

C'est donc l'occasion pour Lotus de découvrir ces constructions... avec lesquelles les chevaux ne sont pas toujours à l'aise.

Travail prélable =

Passer un pont ne présente pas de difficulté majeure, pour un cheval déjà bien désensibilisé. Il suffit de décomposer les difficultés.

Passer sur un pont, c'est Exercices préparatoires :

traverser un passage étroit

travailler les passages étroits
marcher sur un sol étrange, inconnu marcher sur toutes sortes de sols ! faites jouer votre imagination !
marteler un sol bruyant jouer avec des objets bruyants, marcher sur des sols qui résonnent...
mettre le pied sur un sol qui n'inspire pas confiance, on voit à travers !!! travailler la confiance en son meneur !
s'aventurer sur un sol instable, qui vibre : va-t-il supporter mon poids ? se dit le cheval idem
entendre le bruit de l'eau. désensibiliser le cheval à l'eau et ses bruits
voir de l'eau, à droite, à gauche, et au dessous idem

Nos expériences = exemples

1) pont sur un bras de Houille, assez profond

Bon, celui-là, trop facile ! Il n'y a qu'à regarder et l'écouter !

facilités = large route, rambarde qui canalise bien, eau qui coule loin au fond...

difficultés = aucune ! je demande quand même à Lotus de longer la rambarde et de rester sur le trottoir, comme un "passage étroit".

2) Autre pont

facilités : pont large, l'eau est loin au dessous, la cascade est assez loin pour qu'il ne se sente pas "agressé"

difficultés : rester sur sa voie, sur le trottoir, sans descendre sur la route. Lotus profite de l'arrêt-photo pour regarder la voiture qui arrive, au stop

Ecouter la cascade, qui coule avec fracas

3) Pont sur la Houille.

particularités : Des barrières l'encadrent bien avant le début du pont, ce qui peut stresser le cheval mais qui peut aussi permettre une prise de contact progressive ; barrières d'abord, puis, pont.

Les barrières se rétrécissent en forme d'entonnoir. Le cheval peut prendre cela pour une approche progressive de la difficulté. Mais il peut également se sentir attiré dans un piège, de plus en plus dangereux, étroit... coincé...

difficultés : Le pont fait plusieurs mètres de long

Le sol du pont est composé d'un ruban de 30 cm environ, en métal : le cheval peut glisser

et d'une grille à claire-voie de droite et de gauche : le cheval voit l'eau, ce qui n'inspire pas confiance... les barrières sont elles aussi à claire-voie, permettant de contempler la rivière.

Le pont, en fer, vibre, fait du bruit; Le cheval peut s'effrayer du bruit que ses sabots produisent, mais aussi, craindre que le pont ne résiste pas à son poids.

facilités : Le pont est encadré de barrières, ce qui canalise le cheval. Le pont est assez large pour que le cheval passe sans souci quant à sa largeur corporelle.

difficulté : Mais assez étroit pour qu'il soit "coincé" par mon espace personnel et n'ait pas la possibilité de me doubler.

Les photos sont prises à la troisième leçon. Lotus est donc déjà un peu "dégourdi" sur cette difficulté. La leçon commence dès l'arrivée aux barrières, le cheval a besoin de s'arrêter pour les regarder, et sentir. Pour lui, sentir, tâter du nez, est un sens olfactif mais aussi tactile.

Pour commencer, je considère " l'entonnoir" des barrières, comme une difficulté indépendante du pont. Lotus a l'habitude des passages étroits, mais ce n'est pas une raison pour négliger cet abord capital.

--> je procède longe longue, il peut ainsi flairer, toucher du nez, comme bon lui semble. Tourner la tête, observer l'environnement avant de contater l'absence de dangers potentiels, ce qui lui laisse quelque répit pour se consacrer à cette difficulté.

--> je procède pas à pas, en demandant au cheval de rester hors de ma zone. (Pour caresser, récompenser, c'est moi qui revient vers lui) A chaque arrêt, il peut ainsi regarder, rélféchir, se détendre, voire reculer si besoin.

--> quand le cheval est détendu, on avance d'un pas, un seul.

--> de temps en temps, je demande un reculer ; au début, le cheval est heureux de partir de cet endroit qui le met mal à l'aise. Puis, il se lasse de reculer jusqu'au bout, il fait juste un pas. Ceci indique qu'il ne se sent plus en danger dans le couloir.

--> pour vérifier la décontraction, je peux faire le jeu du yoyo (Parelli), Lotus est comme d'habitude, pas plus pressé.

Voilà le "monstre", il fait plusieurs mètres de long et je peux vous dire que quand on est dessus avec le grand machin qui le fait trembler sous nos pieds, ça paraît drôlement interminable !

Je procède très progressivement =

- 1) sentir, poser le nez là dessus... regarder, car voir l'eau à travers la grille l'a fait sursauter. Evidemment cette marque de courage et de bonne volonté est chaudement félicitée !

- 2) je saute sur place, afin que Lotus comprenne que le pont fait du bruit; avec mon stick en bois, je tape par terre, et sur les rambardes, jusqu'à ce qu'il se "blase" de ces bruits et se remette encolure horizontale, détourne son attention.

- 3) en demandant un ordre connu, je lui fais poser un pied sur le pont. Il le pose comme une grosse brute, alors, forcément, le bruit est fort ! Oups ! Même s'il recule, je le félicite pour sa musique ! Et peu à peu, en recommençant, il semble comprendre que c'est lui-même qui produit ce bruit, en tapant du pied !

- 4) on pose deux pieds... Toujours en faisant une pause, caresse, friandise, jusqu'à la relaxation. On peut reculer, et recommencer, ça ne fait pas de mal.

- 5) En général, les postérieurs montent assez facilement. Puis, on continue de procéder pas à pas... Voilà Lotus qui re-vérifie la rambarde, pourtant, depuis le début de nos exercices, il l'a bien déjà fait une trentaine de fois ! Une fois de plus ne fait pas de mal, on ne sait jamais !

Il reste bien hors de ma zone, à chaque arrêt, je m'avance vers lui pour caresser. Mais il ne doit point avancer sans autorisation de ma part.

Tout se passe bien, même si je demande un reculer, il s'exécute sans crispation.

Le dernier pas se fait dans le calme, la preuve !

Ensuite, c'est la pause-récompense (pour que ce qui est derrière le pont, soit motivant ! "Humm ça valait bien le coup de marcher 10 min là dessus !" (10 minutes pour faire 5 ou 6 mètres ! )

La première leçon, avec de plus longs flairages, de plus longs arrêts-décontraction, nous avait pris environ 1/2 heure.

Suite de la leçon =

après le pas-à-pas, une fois que le cheval passe le pont en totale décontraction, un s'arrête tous les deux pas, puis tous les trois pas...

Le risque est que le cheval accélère le pas, à cause de l'étroitesse du pont, du bruit.... Or, le but de la manoeuvre est de passer le pont d'une allure uniforme, tranquille et décontractée. En toute sécurité. Si le dernier pas est précipité, je demande un reculer, et on recommence ce dernier pas, comme il faut.

Le même pont, à la suite de l'apprentissage

je marche "en terrain conquis" comme si de rien n'était... En restant cependant à l'écoute, si Lotus a envie de s'arrêter pour renifler, ou réfléchir...

4) Pont au dessus d'un petit torrent, qui se jette dans la Meuse

facilités : ce pont est très court, le sol est stable (béton) et peu bruyant.

difficultés : le pont n'est pas large

il n'est pas sécurisé par des rambardes : un pied de travers et c'est l'accident !

une cascade fait du bruit

La première étape est de renifler, la deuxième, de poser un pied, pour évaluer le bruit. Ensuite, deux pieds. L'affaire est presque dans le sac ! Lotus commence à être rompu aux exercices de passage de ponts, on en fait tous les jours. Alors facile pour lui !

Sur ce pont, la difficulté est qu'il n'a pas de barrière, le cheval voit l'eau qui bouillonne 1 mètre en dessous et cela l'inquiète, il a peut-être peur de tomber.

Chaque pas est récompensé par une friandise, et une pause destinées à faire retomber la pression... Quand l'encolure redevient horizontale, on peut repartir.

Lotus se rapproche de moi en jetant un regard en coin vers la petite cascade, je demande prudemment un pas de reculer pour lui montrer mon désaccord = JE vais vers lui pour féliciter, lui, il n'a pas à m'envahir, ni par peur, ni par gourmandise !

Une fois que l'obstacle est presque passé, on ne s'enfuit pas comme un lâche. On prend son temps pour que le dernier pas soit fait dans le calme et le flegme ! Encore une pause, avant de me réjouir !

Et attention, les félicitations doivent pleuvoir SUR le pont, non seulement de l'autre côté. Sinon, le cheval peut se dépêcher de traverser l'endroit qui le met mal à l'aise, pour atteindre l'autre côté au plus vite... Se mettant ainsi en danger et risquant l'accident pour lui et pour son meneur.

5) pont jeté sur un fossé profond où coule un ruisseau, à Massembre

Je mets pied à terre, puis demande un rétablissement des distances, avant de commencer les opérations.

facilités de ce pont : il est très court

l'eau qui court dessous est un petit ruisseau tranquille

difficultés : passerelle en bois, bruyante

impression qu'il n'est pas solide (ne vous inquiétez pas, j'ai vérifié, de plus Massembre est un centre de loisirs pour enfants, tout y est aux normes de sécurité)

pas de rambarde

fossé profond

Arrêt avant de monter

Deux pieds montés ! Je regarde où je recule, j'ai peur de tomber.

Arrêt sur le pont, et observation des environs

Lotus descend la marche, en regardant où il met les pieds.

Félicitations !

Et on peut repartir

Retour : dans l'autre sens !

Ca devient routinier, je demande moins de pauses !

antérieurs OK !

pause au milieu

pause avant la sortie

Opération réussie !

6) Passerelle sur la Houille, en face de l'usine

particularités : le pont est précédé d'uun escalier et d'un accès sous forme de rampe, pour les personnes handicapées. Le cheval peut se relaxer en passant de la rampe, plutot étroite, au pont, plus large. Mais il peut aussi être inquiet de cette rampe si longue et si étroite.

Là Lotus flaire un petit trou, ou habite un lézard ! Il marche avec précaution, nez au sol, crutant le moindre détail suspect.

Abord du pont, encore nez au sol.

facilités de ce pont : un pont large, bien encadré de barrières grillagées.

difficultés : le bruit des planches, l'eau qu'on aperçoit à claire-voie sous ses pieds, l'impression que le sol tremble

Les antérieurs sont montés, Lotus examine l'horizon : aucun danger en vue ?

Les 4 pieds sont montés, pause, récompense. Un des risques de ce large pont, est que le cheval file à côté de ma zone personnelle, pour se sauver de l'autre côté au plus vite. Des pauses décontractantes sont bienvenues. Là, on voit que Lotus est aux aguets, tête en l'air.

La passerelle est en forme d'accent circonflexe, Lotus a accéléré, est entré dans ma zone. Je le punis en le faisant reculer. Chacun à sa place !

Un enfant vient nous déranger dans ce passage délicat, mais Lotus a retrouvé sa sérénité : encolure horizontale, il est relaxé.

Un autre arrêt juste avant de "sortir" du pont.

Le passage du bois au béton est encore l'objet d'attention et d'observation !

7) Pont sur la Houille, en allant vers Fromelennes

Une passerelle en fer.

Sur la photo, phase 1, le flairage

Facilités de ce pont : bords encadrés

étroit, pas de risque que le cheval dépasse

difficultés : pont en métal, beaucoup de bruit

vibrations + sol à claire-voie : impression que le pont peut s'effondrer sous le poids du cheval

tapis métallique = risque de glissades

Arrêt au milieu du pont, car je sens que le pas se précipite un peu. Je fais reculer l'animal.

Avancée en pas-à-pas. Le cheval m'écoute, mais il tend aussi l'oreille pour entendre le bruit de ses pas sur le pont.

Dernier arrêt avant sortie, dans le calme, encolure basse.

Même une fois sorti, Lotus a besoin de vérifier la rambarde du pont... durée de l'opération, quelques minutes.

Avril 2007 :

Ce printemps, Lotus a consolidé son apprentissage des ponts.

Nous les avons passés monté, en longues-rênes, puis en traînant un tronc ! Aucun problème ! Je suis fière de mon cheval...

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