Un peu d'histoire !
Préhistoire :
L'ancêtre des chevaux Ardennais est le cheval du solutréen, qui
a acquis des caractéristiques "régionales" marquant un type
plutôt homogène, en s'installant le long de la Meuse et de la
Saône. Le cheval de Solutré mesurait de 1m30 à 1m45, d'après
les squelettes retrouvés lors de fouilles archéologiques.
Age du bronze :
Ces massifs légèrement montagneux au climat rude façonnèrent
au cours des siècles un équidé domestiqué par
les Celtes de l'âge du Bronze, vers -1000 av JC.
On retrouve un peu plus tard le harnachement du cheval, son char, dans des
tombes de dignitaires.
Age du fer :
A l'époque, le cheptel domestique subit une régression de la
taille, les chevaux ne dépassent guère alors 1m à 1m30.
Conquête romaine :
"Nés dans le pays, et bien que chétifs et difformes, ils
sont dressés à supporter les plus grandes fatigues"
(Cesar, de Bello Gallico IV, 2)
Les Trévires, cavaliers émérites engagés dans
l'armée romaine, se remontent en chevaux locaux, qui sont les ancêtres
des ardennais. Ces chevaux "à tête de rhinocéros" sont
reconnaissables sur la colonne Trajane, selon Piétrement.
"Les belges sont grands amateurs de chevaux et ils n'épargnent rien
pour s'en procurer de bons"
(Diodore de Sicile)
"L'on demandait tellement de chevaux aux belges sous l'empereur Dioclétien,
qu'ils se plaignaient de ne pouvoir les fournir."
(Tacite)
Moyen-âge :
La tradition orale colporte que l'abbé de St-Hubert aurait importé
des chevaux limousins afin d'améliorer son cheptel de chevaux ardennais
; il recevait ces chevaux en échange de chiens de chasse de St-Hubert
qu'il fournissait au roi de France. Tandis que l'abbé d'Orval élevait
des chevaux limousins d'origine métissée d'arabe, ainsi que
des chevaux de pure race Ardennaise.
Du XV° au XVII° S
les guerres incessantes de la Belgique contre la France saignent à
blanc les élevages de chevaux frontaliers. Charles le Témeraire
et Charles V promulguent des édits pour tenter de préserver
la production locale.
"Le cheval Ardennais est le cheval parfait pour la selle et le trait léger"
(Maréchal de Turenne, 1650)
l'Ardennais était alors un petit cheval de trait léger, rapide
et endurant, utilisé pour trainer l'artillerie lourde ou servir à
la remonte de la cavalerie de réserve.
" De tous pais, il sort des chevaus qui sont bons coureurs et propres à
la chasce ; mais les meilleurs et les plus communs pour courre dans les costes,
campagnes et bois et pour courre et servir partout se sont les chevaulx Dardaine
et d'Annemark."
(René de Maricourt, XVII° S)
XVIII° siècle :
"Le cheval Ardennais rappelle celui des troupes légères et
plus particulièrement celui des hussards ; l'armée semble être
sa destination par excellence. Il a la tête sèche, carrée,
un peu camuse, l'oeil proéminent, les oreilles courtes et bien plantées,
la physionomie intelligente et éveillée, l'encolure droite,
les épaules plates, le poitrail un peu étroit, le garrot élevé,
les hanches un peu cornues, la membrure forte et régulière,
les cordes tendineuses larges et bien détachées, mais les jarrets
petits et légèrement crochus ; la taille flotte entre 1m42 et
1m52."
(Cayot, 1780)
XIX° siècle :
Les haras belges décident l'infusion de sang étranger pour améliorer
la race ; la mode est aux chevaux de demi-trait de luxe, or l'Ardennais manque
de distinction ; l'agriculture réclame des chevaux épais et
lourds, en vue d'un travail en puissance, or l'Ardennais manque de taille.
"Les chevaux ardennais sont d'un bon tempérament ; ils sont durs
à la fatigue et ont généralement de belles jambes. "
(Vicomte du Toict, 1824)
Les réquisitions des guerres napoléoniennes épuisent
l'élevage d'ardennais belges et frontaliers, tandis que la mode des
demi-sang anglais impose des chevaux plus grands, plus fins, plus rapides
dans les charges de cavalerie.
Napoléon, amateur de chevaux arabes, tente des croisements aux haras
de Vouziers, mais abandonne son projet car les chevaux produits ne sont pas
assez grands.
1812 : la campagne de Russie décime une partie du cheptel chevalin
européen, l'ardennais y montre toutes ses qualités de rusticité
et d'endurance.
"Il a été reconnu dans cette cruelle expérience, que
les chevaux allemands, notamment les danois, avaient succombé les premiers
; que les chevaux du midi, mais notamment les Ardennois, avaient résisté
le plus longtemps."
(J.Th.Anciaux, 1834)
La race d'Ardennais ancienne a presque totalement disparu ; l'Ardennais perd
ses qualités de cheval de selle, il sert uniquement au trait.
"Nous en sommes aujourd'hui au point, que la race Ardennaise est mise en
question, et il faut admettre que l'ancienne race d'il y a 100 ans n'existe
plus."
(Fischer, 1860)
"Les petits chevaux Ardennais sont nerveux, sobres, durs au travail et
du meilleur service au trait léger. La taille est flottante entre 1m42
et 1m52"
"La tête est carrée, petite et sèche, l'encolure droite,
le garrot élevé, la croupe anguleuse et tombante, les fanons
peu fournis, le sabot haut et étroit."
(Société d'encouragement pour l'amélioration de la
race des chevaux ardennais dans le luxembourg belge, 1844)
XX° siècle :
Avec l'avènement de la mécanisation, le besoin de chevaux plus
grands, mais moins rapides, destinés au trait lourd, se fait sentir
pour tracter les énormes machines agricoles de l'époque, et
l'Ardennais est croisé avec des traits Belges et Brabançons.
"Les derniers concours prouvent qu'en pratique, la race Ardennaise n'exste
plus. Il n'y a plus qu'une seule race, la race belge, qui possède deux
variétés, celle de gros trait et celle de trait léger."
(Société nationale des éleveurs belges, 1886)
"Le cheval Ardennais d'ancien type est devenu rare du fait de son croisement
intensif avec le cheval de gros trait. On en trouve encore dans les environs
de Gedinne, dans les ardennes françaises, à Hargnies, à
Haut-Batis, aux Vieux-Moulins."
(Société nationale des éleveurs belges, 1888)
L'Ardennais moderne :
Puis, comme toutes les autres races de trait, c'est le déclin dû
à la motorisation, et la race est tansformée en vue de la boucherie.
Alourdis et dégénérés, les Ardennais "lourds"
sont prédisposés aux problèmes articulaires et l'Institut
Vétérinaire de Liège a mis en place un programme de recherches
médicales et génétiques en vue d'éradiquer ces
pathologies.
La race compte maintenant deux modèles, le "petit", qui recherche les
qualités de l'Ardennais d'antan, et le "grand", qui perpétue
le cheval de trait lourd du début du siècle. Les "grands" sont
notamment appréciés dans le débardage, où leur
force physique fait des merveilles, associée à leur docilité.
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